Depuis maintenant deux ans j’habite en colocation en région parisienne. Une vie banale pour un étudiant vieillissant et fauché, partageant son logis avec deux trentenaires célibataires, sans enfants, en CDD, précaire pour l’un, abrutissant pour l’autre. Beau miroir d’une future crise de la trentaine, où l’un de mes colocs pour régler ses problèmes existentiels, se gave de vidéos sur le développement personnel. Ses tenders aux poulets frits à la gauche de l’ordinateur, vidéos et podcasts tournent en boucle embaumant le salon par leur langage robotisé et leur bonhommie en plastique.
Belle occasion de découvrir un univers qui ne m’inspire qu’une mare de boue, où chaque geste dégouline d’une mélasse sombre, asphyxié par des nuées de moucherons dressés à vomir leur même litanie répétitive : « Tu vas être un gagnant », « Tu es un champion », ou encore « Ta seule limite c’est toi ».
Si le fond de ces discours et l’utilité du développement personnel est louable et nécessaire, n’importe qui maîtrisant les codes peut s’improviser coach ou spécialiste du jour au lendemain. Votre voisin au chômage, cloîtré chez lui, pourrait très bien être le gourou d’une communauté en ligne s’abreuvant sur ses conseils d’optimisme et de sociabilité. Après tout la réussite appartient également à ceux qui profitent du travail des autres.

Office Space, un super film.
Nombreux sont les discours de motivation utilisant la comparaison comme figure rhétorique. On vous engage à être différent, à sortir de la masse (le fameux « think outside the box »). Votre manque de réussite et votre absence de bonheur résultent soit de votre faute (bonjour la culpabilité), soit de leur faute. Vous devenez le seul moteur de votre succès et à vous d’évoluer vers la fortune par le travail ou la spiritualité.
Ainsi, hormis cette impression désagréable d’être « l’autre » dès qu’un discours de motivation est individualiste, l’aboutissement du développement personnel ne serait qu’une affaire de méthode et de volonté. Pourquoi pas. Après tout si j’avais mieux travaillé, j’aurais réussi mes concours. Si je faisais des étirements quotidiens, j’aurais moins mal au dos. Si je lisais davantage, je serais plus cultivé. La vie est plus facile lorsqu’elle se pratique au conditionnel, et organiser son temps devient une belle excuse pour ne rien en faire.
Or si ma réussite dépend de ma volonté et ma raison me donnant foi en mes capacités, avec l’aide d’outils et techniques tirés du développement personnel, rien ne m’empêche d’agir. Peut-être pourrais-je enfin affirmer que oui « Si je l’avais vraiment voulu, j’aurais réussi », et que oui le bonheur est au bout de la rue, il me suffit juste de marcher.
C’est dans cette optique qu’en septembre 2018, je décide de créer et de suivre mon propre programme d’entrainement intitulé sobrement « L’entrainement de la Patate ». Je référence et liste un ensemble de techniques extrêmes ou absurdes à mettre en application quotidiennement pendant un mois. Me voici devenu le capitaine de mon âme, le maître de mon navire tenant le cap vers ma destinée, tout en essayant de ne pas trop chavirer en route.
LES 17 IMPÉRATIFS DE L’ENTRAINEMENT DE LA PATATE
Se lever à 05h30 tous les matins.
Réussite : 08/10
Mon père me le répétait déjà de sa voix grave : « l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ». Une recommandation présente systématiquement chez les « habitudes d’entrepreneurs à succès » ou les « guides pour prendre sa vie en main ». Ce conseil tourne en boucle, se lever tôt serait la première étape conduisant à la réussite. Désirant donc moi aussi commencer ma journée en hashtags positifs, le lever à 05h30 sera le point de départ de l’entrainement de la Patate.
Habituellement cependant, ma « routine matinale » commencerait davantage vers 10h (et en période de grosse crise vers 12h ou 13h). Rythme patapouf donc, loin des standards communs.
Pourtant, et à ma grande surprise, couché la veille après minuit, j’arrive dès le premier jour à me réveiller à 05h34, uniquement à l’aide de deux réveils : l’un à 05h20, l’autre à 05h30. Époustouflé par tant de self-control, j’apprécie désormais la quiétude de l’aube, le calme de l’aurore, et découvre l’habitude de ma voisine de se prendre en selfie tous les jours à 09h20. Un monde formidable s’offre à moi.
Tenir cette règle fut une belle réussite. Hormis quelques maux de tête dû à un manque de sommeil, au bout d’une semaine et demie, les levers furent effectivement plus faciles, presque automatiques. J’avais pourtant la crainte d’échouer pitoyablement dès le premier jour, mais sur les trois premières semaines, hormis deux exceptions, le pari est tenu.
C’est vers la quatrième semaine où tout se complique. La fin du challenge arrive et la rigueur faiblit. L’heure du lever se met à varier entre 06h00 et 07h30. La règle n’est plus respectée, mais cela reste un bond en avant par rapport à mes horaires habituels.
Toutefois mes levers matinaux n’ont guère eu d’influence sur mes couchers tardifs. Je continue de claquer la bise à Morphée entre minuit et 01h30. Un vrai problème, qui couplé à des réveils de l’espace m’amènera à faire des siestes quotidiennes de deux heures entre 17h et 19h. Absurde.
Prendre des douches froides.
Réussite : 10/10
Lorsqu’en discussion j’évoque soit le réveil à 05h30, soit la douche froide, les réactions sont souvent similaires et amènent constamment la même réponse, l’illustre « Ok bah, direct, c’est mort, j’pourrais pas. » est lâché.

Bonus + 3 points, si suivi de « Wesh, t’es un ouf, toi. »
Pourtant la douche froide est une activité assez populaire, voir même culturelle. Elle favorise le sommeil, renforce vos défenses immunitaires, lutte contre la dépression, et vous aide même à réduire vos factures.
Plusieurs techniques sont possibles, j’ai opté pour une en deux temps. En premier, commencer par se rincer à l’eau chaude, se savonner, puis rincer à l’eau froide. Et le plus froid possible, avec le robinet à fond sur la droite. Le plus supportable était de commencer par les bras puis de descendre le long du corps.
L’ironie mise de côté et l’habitude prise, c’était en fait très appréciable. De toutes les tâches listées dans cet article c’est celle dont les effets positifs sont le plus immédiat. Puis j’ai poussé le vice à l’extrême quand un matin oubliant de me laver à l’eau froide, j’y suis retourné une seconde fois consciencieux de respecter cette tâche #patateforever
Arrêter le café, la clope, la drogue, l’alcool.
Réussite : 10/10
Le tabac donne le cancer, le café perturbe le cycle du sommeil, l’alcool nique le foie, et la drogue c’est mauvais, m’voyez ? Certes à usage modéré, les effets sont à nuancer, voir même positif, mais l’entrainement de la Patate est un entrainement extrême, on n’est pas ici pour traire les vaches.
Ma consommation journalière de caféine tourne autour de 5 tasses de 30cl. Je fume en moyenne 3 à 5 cigarettes par jour. Pour l’alcool et l’usage de stupéfiants, s’il m’arrive d’en consommer seul, c’est surtout la vie en colocation qui me pousse à la consommation. Je chiffrerais donc une moyenne de 3 pintes de bières et de 2 joints par semaine.
Pas de grosses dépendances donc. J’obtiens par exemple un score de 1 au test de Fagerström et de 22 au test CDS (Cigarette Dependence Scale). Et cela reste une moyenne basée sur des estimations subjectives, il peut m’arriver de ne pas fumer pendant plusieurs jours, puis d’en fumer une dizaine en soirée. Idem pour l’alcool.
Le plus compliqué reste le café que je remplace par des tisanes et du thé, tout en restant sur le même volume journalier. Par corrélation, je change également mon alimentation, et le « premier café de la journée » est remplacé par un bol de muesli.
Étonnamment peu de problème pour arrêter la cigarette du jour au lendemain. Idem sur l’alcool, même si la pression sociale est plus forte, et refuser l’invitation d’un verre de vin où se retrouver à demander un jus de fruit dans un bar à 22h conduisent souvent à l’incompréhension ou l’insistance.
Dans l’ensemble je dirais que ma situation professionnelle (ne rien foutre Travailleur Indépendant), et ma personnalité assez introvertie m’ont facilité la tâche. Je doute qu’en l’exercice d’une activité sociale plus forte les dispositions soient les mêmes. Quelque part, c’est aussi trouver la capacité de dire non, et de rester fidèle à son « livre de conduite » indépendamment des situations.
Arrêter la masturbation et la pornographie.
Réussite : 02/10
Let’s get personnal. Obsession surtout masculine, arrêter la masturbation et par voie de fait la pornographie est une idéologie vantant les mérites de l’abstinence, et gagnant en popularité depuis quelques années, jusqu’à avoir son propre même Internet sous la forme du « No Nut November ». Initialement popularisé par la communauté Nofap sur Reddit, et secondée par plusieurs témoignages, études, conférences Ted, l’arrêt de la masturbation/pornographie, décrites alors comme des addictions, améliorerait la productivité et l’humeur, augmenterait sa confiance en soi, réduirait les distractions, accroîtrait le désir, renforcerait l’érection, bref pratiquement la panacée.
Si vous me suivez un peu sur Youtube vous devriez savoir que j’aime les maths. Ainsi, sans pour autant rentrer dans une intimité trop poussée, si l’on admet qu’après 3 jours d’abstinence, une éjaculation produit en moyenne 100 millions de spermatozoïdes pour 2 à 6 millilitres de sperme, alors on déduit le Volume de sperme par jour (noté x) = 〖nb〗_(spermatozoide/jour ) /〖nb〗_( de spermatozoïde par ml de sperme)
Sachant que :
Alors y correspond au chiffre de masturbation/jour recherché. Je vous laisse faire le calcul.
…
J’ai échoué dès le quatrième jour.
Arrêter les écrans 1h avant d’aller se coucher.
Réussite : 0/10
Dans cette constante recherche de bien-être et pour mieux supporter les réveils matinaux imposés, l’entrainement de la Patate vise également à réduire sa fatigue journalière. D’où l’arrêt brutal de la majeure partie des excitants, les écrans y étant associés. En effet, une exposition prolongée à la fameuse « lumière bleue » a un effet négatif sur notre sommeil, et empêche la sécrétion de mélatonine, une substance chimique favorisant l’endormissement.

Voilà comme ça. © Dodow
Je ne me rangerais pas dans la catégorie des personnes addicts à leur écrans, mais traîner sur le net, et rester éveillé tard face à son ordinateur sont définitivement dans mes habitudes.
Je n’ai réussi que le premier jour. D’un côté mes périodes productives sont souvent le soir, et j’écris, ou monte mes vidéos bien plus souvent à ces périodes qu’en journée. De l’autre, la Patate ne prévoit pas d’heure spécifique au coucher, et à l’inverse du réveil, c’est une habitude plus fluctuante selon son quotidien.
Nettoyer son bureau avant d’aller se coucher.
Réussite : 06/10
Je ne sais plus où j’ai chopé ce conseil (certainement Youtube), mais il semblerait que vingt minutes de ménage par semaine diminuerait le stress et les risques de dépression, ce qui en fait la troisième habitude de l’entraînement de la Patate luttant contre la dépression. On rajoutera qu’un bureau propre tranquillise l’esprit avant de s’endormir et favorise la concentration de notre cerveau à notre réveil, l’absence de distractions l’empêchant de se détourner de son ouvrage.
Peu de choses à dire sur cette activité. Je suis par nature assez maniaque, mon bureau et ma chambre sont souvent bien ordonnés. Ça ne change pas grand-chose à ma productivité puisque le temps gagné est remplacé par davantage de procrastination. Les rares moments de désordre sont dûs à une flemme intense, ou à une concentration excessive sur une tâche.
Écrire ses objectifs tous les jours matin et soir.
Réussite : 04/10
Pour favoriser sa concentration et augmenter sa productivité, l’une des techniques les plus populaires consiste à se fixer des objectifs. Avoir un plan et une vision sur du plus ou moins long terme optimise notre capacité à prendre des décisions et aide à se focaliser sur les tâches les plus importantes.
Le problème c’est que je n’ai aucune idée d’objectifs. Des envies et des désirs, pas de problème, mais de là à mettre sur la table des objectifs concrets, ce n’est pas si simple.
Toutefois ce problème trouve une solution rapide puisque mon objectif principal et actuel est de réussir l’entrainement de la Patate. Je me mets donc à écrire chaque matin et chaque soir : « Je veux réussir l’entrainement de la Patate. »

Mise en abîme de qualité
J’ai arrêté au terme de la deuxième semaine. De un, ça commençait sérieusement à me gonfler, et puis il me fallait bien reconnaître que c’était absurde. Difficile donc de dire si écrire cet objectif a réellement eu un bénéfice sur ma capacité à respecter la Patate, mais j’en doute.
Lire l’actualité tous les matins.
Réussite : 07/10
Où plus précisément « Lire l’information de le veille tous les matins ». Pour le coup, ma capacité à suivre l’actualité est très disparate. Je lis Vice et les tendances Twitter. Et si une information m’intéresse, j’irais lire plusieurs articles à son sujet en passant de Valeurs Actuelles à Libé sans problème.
Mais s’intéresser à l’actualité (ou simplement lire) est une pratique partagée par de nombreux « Successful People ». Suivre l’information locale, nationale ou mondiale permet une meilleure ouverture d’esprit, et vous aide à taper la discut’ à la pause-café, que de toutes les façons, en Patatien converti, vous ne faîtes déjà plus.
Encore faut-il savoir quoi lire alors suivant l’habitude d’une amie, je me mets à lire le Réveil Courrier du Courrier International. Dans mes notes prises pour l’écriture de cet article, j’avais même inscrit :
« Voilà 4 jours que l’entrainement de la Patate a commencé. Je constate deux changements :
- Je me suis mis à lire le Courrier International.
- Je suis très fatigué. »

Accurate version of myself
Puis me rappelant qu’enfant j’étais abonné à Science et Vie Junior, j’ajoute les magazines Futura Sciences, Pour la Science, et le Journal du CNRS. Combiné avec Vice et selon leur parution, le temps de lecture quotidien varie entre 20 à 40 minutes. Un temps plutôt conséquent mais compensé par le plaisir d’apprendre.
Hormis quelques écarts, notamment le week-end où le rythme de parution est souvent relâché, le défi est tenu. C’est aussi à ce jour la seule habitude gardée de l’entrainement de la Patate, puisqu’un an après je continue de lire le Courrier International régulièrement.
Faire des étirements et de la musculation.
Réussite : 09/10
La première fois où j’ai pensé que « Dis donc, faudrait que je me muscle un peu moi.. », je devais avoir vers 16 ans. Je faisais alors péniblement 10 pompes avant de m’écrouler au sol. Depuis, environ deux fois par an, je traverse le traditionnel moment du : « Vazy, j’ai trop la motiv’, je commence des pompes dès demain », ou autrement appelé le « moment du mec en dèch qui cherche à regonfler son estime de soi pour attraper de la poulette ». Je n’ai jamais dépassé 2 semaines.
L’entrainement de la Patate allait-il enfin renverser cette terrible malédiction ? Eh bien OUI. Parce que disons-le tous en cœur : « L’entrainement de la Patate est entrainement puissant, testé, reconnu et approuvé par de nombreux experts, diététiciens, psychologues, médecins, scientifiques et par Bill GATES lui-même. »

« Wahou, quelle grosse patate ! »
Les exercices de musculation se composent en plusieurs étapes. Je commence par 30 flexions, puis 30sec de gainage et 20 pompes, à répéter une seconde fois. Je vous suggère également si votre environnement le permet d’ajouter 20 tractions. Puis à chaque semaine, j’ajoute environ +10 à chaque exercice. Je finis donc la quatrième semaine avec 100 flexions, 2 séries de 40 pompes, et 1m30 de gainage. Physiquement les résultats ne sont pas flagrants, mais j’ai toutefois moins mal au dos.
Pour les exercices d’étirement, j’avais l’objectif à demi-avoué d’être capable de réaliser le grand écart au terme des trente jours, mais sur ce point c’est un échec. Toutefois, j’ai énormément progressé. Mes mains touchaient péniblement mes genoux le premier jour, elles touchent ma plante des pieds à la fin de l’entrainement.
Il est important de s’étirer après les exercices de musculation, les muscles sont chauffés diminuant donc les risques de déchirement musculaire. Avec l’aide de plusieurs tutos et de mes anciens cours de danse contemporaine, je mets en place cette routine :

Selon ma progression je rajoutais quelques exercices d’assouplissement du dos, et des bras. Mais c’était la base, et l’exercice quotidien comprenait quoi qu’il arrive cette série d’étirements.
La durée des étirements n’excède pas 20 minutes, soit en moyenne quatre chansons de Ben Harper ou cinq d’Ed Sheeran. À partir de la deuxième semaine je rajoute les exercices de musculation et d’étirement également le soir. C’est à ce moment que ma courbe de progression fut significativement plus rapide.
Habituellement peu sportif, j’arrive cette fois-ci à maintenir cette discipline tout le long des trente jours. C’est aujourd’hui l’habitude qui me manque le plus, et dont les bénéfices sur mon humeur ou mes postures quotidiennes étaient bien visibles.
Faire des exercices de respiration et de diction.
Réussite : 08/10
Petite spécificité propre à la Patate puisque ses deux activités ne sont pas formellement à l’ordre des « hack your life », ou des morning routine classiques. Si les bénéfices de la respiration abdominale sont prouvés, et aident à réduire le stress, c’est surtout une nécessité d’acteur et un besoin de maîtrise technique qui furent aux sources de ma motivation.
Pour travailler ma respiration, j’utilise le livre de Louis-Jacques Rondeleux (Ancien professeur de technique vocale au CNSAD) Trouver sa Voix, qui promet en huit semaines de « contrôler sa respiration, d’enrichir son timbre et d’élargir son registre vocal ». Extrêmement efficace et d’une remarquable précision, chaque semaine se décompose en plusieurs exercices progressifs. À raison de 20 minutes par jour et en partant d’une technique respiratoire complètement nulle, la promesse du livre est toutefois respectée puisqu’un mois après je contrôle bien mieux ma respiration abdominale et dorsale.

Trouver sa Voix de Rondeleux, un super bouquin ultra complet.
Pour le travail de diction j’utilise un autre livre, Traité pratique de la diction française de George Le Roy (Ancien sociétaire de la Comédie-Française). Destiné à « nous apprendre à dire, nous apprendre à parler », le livre compile plusieurs extraits d’auteur en prose et en vers choisis de façon à nous instruire dans les règles de liaison, d’accents, de rythme, d’inflexions de voix, etc. Je décide de lire un chapitre par jour le relisant au besoin les jours suivants. Complété par quelques exercices de crayon, j’y passe en moyenne dix minutes par jour, mais le bilan est plus difficile à percevoir et les résultats ne sont d’une évidence folle.
Puis de façon inattendue, dans son ouvrage « Trouver sa voix », Louis-Jacques Rondeleux se moque gentiment du livre de George Le Roy, le décriant mieux comme populaire, qu’efficace. Si l’entrainement de la Patate était à refaire, je changerais donc de méthodologie et utiliserais le livre de Paul Gravolet « Déclamation école du mécanisme ».
Méditer 10 minutes tous les matins.
Réussite : 03/10
La méditation est la star du développement personnel. Présente un peu partout, elle virevolte quelques fois avec la spiritualité, mais offre surtout la promesse de « se trouver un moment pour soi » ou de « se recentrer sur soi-même ». Également cité par les entrepreneurs, son utilité pourrait se résumer par la maxime suivante : « Un esprit sain et éclairé, pour un travail précis et organisé ».
Le problème, c’est que je ne sais pas méditer. Je me suis même rendu compte à l’écriture de cet article qu’au fond je n’avais pas la moindre idée de ce que « méditer » signifiait, et je n’avais pas envie non plus de me farcir un énième tutoriel bidon trouvé sur Internet.
Dès le premier jour, cette séance de méditation s’est donc traduite par « comater sur le sol comme une grosse larve ». Puis au cours des jours suivants, elle évolue en « prendre cinq minutes chaque matin pour ne rien faire ». Je cale ce moment après le petit déjeuner, où la fatigue du réveil précoce aidant, je reste uniquement assis sur mon canapé.
Peut-on considérer ce moment comme de la méditation ? Aucune idée. J’associe spontanément la méditation avec l’idée d’un « voyage de l’esprit » alors je reste dubitatif. Puis l’on pourrait arguer que les exercices de respiration sont déjà une méditation en soi.
EN DÉFINITIVE L’ENTRAINEMENT DE LA PATATE FONCTIONNE-T-IL ?
Si l’on reprend notre introduction, l’entrainement de la Patate servait deux objectifs :
- Prouver que « moi aussi si je l’avais vraiment voulu, et bah j’aurais pu. »
- Améliorer et renforcer ma productivité.
Pour le premier point, c’est une franche réussite. Les tâches les plus extrêmes de l’entrainement de la Patate ont été respectées, et malgré quelques écarts et modifications, pour la toute première fois j’ai réussi à tenir un ensemble de règles personnelles et à observer un « programme d’entrainement » sur plus de deux semaines. L’hypothèse est donc vérifiée. Enfin, avoir suivi l’entrainement de la Patate sur trente jours m’a surtout appris que si la motivation est essentielle, ce sont la rigueur et la discipline qui sont capitales.

Bravo mec, sois fier de toi.
Sur le second point, le bilan est plus mitigé et il m’est difficile d’avoir un avis tranché. D’un côté, ma productivité n’a clairement pas augmentée. Je n’ai pas travaillé davantage, je n’ai pas consacré mon temps libre à la lecture, je n’ai pas fini mes projets en cours, etc. Par exemple, j’avais prévu d’écrire chaque jour l’avancée de l’entrainement de la Patate, j’ai arrêté dès le quatrième jour. Idem, je pensais développer un site web pour pousser le troll jusqu’au bout et vendre des tee-shirts, mais ce projet n’a pas vu le jour. (Enfin presque, puisque j’ai acheté le nom de domaine).
Là où par contre j’ai été remarquablement productif, c’est quand j’ai réussi à finir toutes les campagnes d’Age of Empires 2 HD Edition. Si j’avais eu 12 ans j’en aurais été très fier, mais malheureusement j’attendais une productivité plus « responsable » en lien avec mon travail, l’écriture, le montage vidéo, ou même la lecture. Peut-être ai-je été trop bercé par ses méthodes de « success story » prônant souvent que la méthode se suffit à elle-même pour avoir des résultats, là où la réalité est d’une complexité plus riche.
Mais de l’autre côté, avoir réussi les exercices de musculation, d’étirements ou de respiration est le gage d’une certaine amélioration dont nier l’impact serait hypocrite. Par exemple, les livres sur la diction ou la voix prenaient la poussière depuis un an avant leur utilisation. La balance est donc déséquilibrée, j’ai pu réaliser des choses qu’en d’autres circonstances je n’aurais sûrement pas concrétisées, mais mon travail et ma productivité n’ont pas bénéficiés de ma nouvelle discipline.
À VOTRE TOUR.
L’entrainement de la Patate est une démarche personnelle, empreint d’un léger sarcasme mais de plusieurs éléments de bon sens. Si vous souhaitez le réaliser sachez que sa « morning routine » dure en moyenne deux heures. Voici l’ordre que j’ai appliqué mais vous êtes libre de l’organiser à votre guise :
Tâches | Durée (min) | Horaire cumulée | |
1. | Réveil. | 05h30 | |
2. | Petit dèj. | 10 | 05h40 |
3. | Méditation. | 10 | 05h50 |
4. | Lire l’actualité de la veille. | 30 | 06h20 |
5. | Musculation. | 20 | 06h40 |
6. | Étirement. | 20 | 07h00 |
7. | Respiration. | 20 | 07h20 |
8. | Diction. | 10 | 07h30 |
9. | Douche Froide. | 10 | 07h40 |
L’entrainement de la Patate a été réalisé en septembre 2018. Les pratiques citées ont été progressivement stoppées dans les trois mois suivant.
Aujourd’hui, un an après, j’ai repris toutes mes anciennes habitudes. J’ai uniquement gardé la lecture presque quotidienne du Courrier International, mais perdu toutes les autres. J’ai repris la cigarette, le café, mais ma consommation d’alcool et de drogue ont cependant été réduites. Je garde toutefois les bénéfices des exercices de respiration, mais la diction, la musculation, et ma souplesse ont dépérit rapidement. Je reste nostalgique de cette période, où même si je garde une impression de fatigue immense, ma vie était effectivement plus agréable et positive. Après tout avec la moitié des pratiques de la Patate qui luttent contre la dépression, l’inverse aurait été étonnant.
Qui sait peut-être un jour, lancerais-je une seconde version appelée « l’entrainement du Fenouil » où en supplément de la Patate, il faudra manger vegan, bio et équilibré, écouter France Culture, pratiquer le zéro déchet, faire du jogging tous les matins, lire un livre chaque semaine, arrêter les écrans après 20h, se brosser les dents trois fois par jour, manger cinq fruits et légumes par jour, et arrêter les réseaux sociaux.
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