Réflexions du Comédien en surligné @bensavalle

Avant-Propos : « Réflexions du Comédien » en surligné est un article appartenant à la catégorie Médium. Cette section regroupe tous mes articles publiés sur la plateforme Médium, par conséquent si souhaitez lire directement l’article voici la Partie 1 et la Partie 2. Le texte ci-après est un léger préambule présentant quelques facéties et réflexions sur le sujet de l’article.

« Réflexions du Comédien » est un livre écrit par Louis JOUVET, et publié en novembre 1941. L’ouvrage est édité aux éditions ©La Librairie Théâtrale. Il fait 235 pages et est séparé en deux parties.

PARTIE 1 – Jouvet décrit son opinion sur trois auteurs

  • Beaumarchais vu par un comédien.
  • Victor Hugo et le Théâtre.
  • La disgrâce de Becque.

PARTIE 2 – Jouvet exprime son avis sur la thématique plus générale de « l’art théâtral »

  •  Où va le Théâtre ?
  • Le Théâtre est un métier honteux.
  • Problèmes du Théâtre.
  • Le métier de Directeur de Théâtre.

Jouvet dans son avant-propos commente son livre par cette phrase : « Ces pages ne sont, en somme, qu’un livre factice, composé de conférences et de causeries, réponses à des questions que l’on m’a posées. » (p.10)

Le propos de ces articles suivants (enfin ce ne sont guère des articles au sens propre, mais passons) est de transmettre ma prise de note personnelle. À la lecture de ce livre, j’ai plusieurs fois surligné les passages qui sonnaient comme les plus intéressants à mes oreilles. Pour fluidifier la lecture, j’ai rajouté quelques phrases et citations. Les deux parties du livre étant sensiblement différentes, j’ai aussi séparé le tout en deux articles distincts.

C’est la première fois que j’expérimente ce type de contenu, et si le format plaît, d’autres ouvrages pourront subir le même traitement. J’ai déjà abordé l’espace vide de Peter Brook en vidéo, mais La Naissance de la Tragédie de Nietzche, Le comédien désincarné par Jouvet, Écrit sur le théâtre de Barthes, La formation de l’acteur par Stanislavski ou encore Paradoxe sur le comédien de Diderot sont des livres d’études touchant à mes réflexions et travaux personnels de comédien, et qui trouveront leur place dans ce format.

Je vous laisse avec les liens conduisant aux articles publiés sur Médium, et vous trouverez également ci-après, un long extrait de « Réflexions du Comédien » où Jouvet aborde la mise en scène dans la partie « Le métier de Directeur de Théâtre ». L’extrait était beaucoup trop long (mais hyper intéressant) pour le format sur Médium.

 

 

 

« JOUVET ET LA MISE EN SCÈNE » (p. 208-209-210-211-213)

 

Mettre en scène, c’est vivre dans les affres de l’oppression et les délices de l’angoisse. C’est, dit Paul Valéry, « la tragédie l’exécution ».

Détourner les esprits, incliner les cœurs, mettre en état l’humain et le sensible jusque dans l’inanimé ; révéler l’inexprimé et même l’inexprimable, constamment provoquer et attendre, tâtonner avec science, concilier et réconcilier, opposer, créer la ferveur dans l’irritation, échauffer l’indifférence, affaiblir la force, conjuguer l’inégal, harceler, encourager, subir, apprivoiser, susciter, aplanir — il n’est pas un métier ou une technique dont on en puisse employer les termes pour exprimer un aspect de cette activité.

Mettre en scène, c’est gérer les biens spirituels de l’auteur, en tenant compte des nécessités temporelles du théâtre. C’est se placer du point de vue d’un soir et du point de vue de l’éternité.

C’est étudier comme une formule magique le texte d’une pièce, et pratiquer de concert avec son auteur la nécromancie.

Mettre en scène, c’est […] chercher constamment des raisons d’admirer et d’aimer.

C’est vivre selon les règles du poète. C’est une manière de se comporter avec les dieux de la scène, avec le mystère du théâtre. C’est une façon d’être honnête et aimable dans l’art de plaire. Et c’est aussi, quelquefois, se tromper.

Mettre en scène, c’est, avec patience, avec modestie, avec respect, avec angoisse et délectation, aimer et solliciter tous les éléments animés ou inanimés, être et choses, qui composeront le spectacle, les incliner vers un certain état. C’est provoquer et attendre le mystère de leur efficacité interne, de leur présence ou de leur incarnation dramatique.

Mettre en scène, c’est, avec amabilité, aider les acteurs qui s’exercent pour la mémoire, jusqu’à ce que le texte, par ce massage patiemment renouvelée de la répétition, se dépouille de son sens livresque et s’imprègne de leur sensibilité.

C’est rendre l’acteur ou l’actrice « confortable », et trouver les moyens d’y parvenir. C’est une manière de commander et d’aimer une troupe.

C’est encore ravitailler, alimenter, sustenter dramatiquement les comédiens, les encourager et les satisfaire, leur trouver un régime ou une diète scéniques ; c’est constituer et créer cette famille qui se recomposera à chaque pièce suivant une paternité nouvelle et qu’on appelle troupe.

Mettre en scène enfin c’est servir l’auteur, l’assister par une totale, une aveugle dévotion qui fait aimer son oeuvre sans réserve. C’est trouver ce ton, ce climat, cet état d’âme qui a présidé chez le poète à la conception, à l’écriture, source vive et flux qui doit atteindre et innerver le spectateur […] C’est réaliser le charnel par le spirituel. 

En résumé, et pour ma part, la mise en scène est un tour de main, un tour de l’esprit et du cœur, un comportement de la sensibilité où doit entrer tout ce qu’il y a d’humain. Pas plus. Ni moins.

Il n’y pas de théorie de la mise en scène et il ne saurait y en avoir car les théories sont le fruit de l’expérience et au théâtre aucune expérience ne se renouvelle.

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